L’introduction des allergènes alimentaires chez le bébé

par | 1 Juil 21 | Diversification alimentaire

Les statistiques portant sur les réactions allergiques liées aux aliments ne sont disponibles que depuis une trentaine d’années. Pour autant, elles semblent montrer que la prévalence des allergies alimentaires et de l’atopie est en augmentation. On sait désormais que l’alimentation du nouveau-né (allaitement maternel vs formule infantile) et l’âge d’introduction des allergènes majeurs jouent un rôle sur le risque de survenue d’allergie alimentaire plus tard dans la vie, notamment chez les nourrissons avec une histoire familiale d’atopie.

Introduire les allergènes lorsque l’enfant est prêt, entre l’âge 4 mois révolus (pas avant) et 6 mois pour les nourrissons à « haut risque » d’allergie et jusqu’à 7 voire 9 mois pour les nourrissons sans risque particulier apparait désormais comme un consensus.

Ces recommandations sont à adapter au cas par cas, notamment selon que le nourrisson est allaité ou non. L’OMS recommande l’allaitement maternel exclusif jusque’à l’âge de 6 mois et on sait que la sensibilisation du nourrisson aux allergènes peut survenir dès la grossesse et au cours de l’allaitement.

Les allergènes alimentaires majeurs

La législation définit une liste de 14 allergènes à déclaration obligatoire sur les emballages alimentaires :

  • Céréales contenant du gluten (blé, épeautre, seigle, orge, avoine, etc.)
  • Crustacés
  • Oeufs
  • Poisson
  • Arachides
  • Soja
  • Lait
  • Fruits à coque dure (amandes, noisettes, noix, noix de cajou, noix de Pécan, noix du Brésil, noix de Macadamia, pistaches)
  • Céleri
  • Moutarde
  • Sésame
  • Anhydride sulfureux et sulfites
  • Lupins
  • Mollusques

Les principaux allergènes alimentaires chez l’enfant

Les données françaises indiquent que chez l’enfant, l’oeuf est le premier allergène par ordre de fréquence (34% des cas), suivi par les arachides (25%), le lait (8%) et le poisson (5%). 

Quand introduire les allergènes alimentaires lors de la diversification alimentaire ?

Parmi toutes les recommandations, avancées et reculades selon les décennies, difficile de savoir quel aliment et à quel moment le donner à son bébé qui débute la diversification alimentaire !

Il fut un temps où l’introduction des solides était proposée à 1 mois. Durant de nombreuses années, il était conseillé de retarder parfois jusqu’à l’âge de trois ans l’introduction de certains aliments allergènes. Dans les années 2000, on recommandait d’éviter les aliments les plus allergisants au cours des 12 premiers mois de vie.

De telles évolutions au fil des décennies engendrent de nombreuses interrogations sur le bien-fondé successifs des recommandations et inspirent finalement plus de confusions et de méfiance que de confiance auprès des parents.

Les plus récentes études sur le sujet montrent que retarder la consommation d’aliments allergènes après l’âge de six mois ne préviendrait pas le développement d’une allergie alimentaire plus tard dans la vie.

Malgré tout, un consensus semble se dessiner et surtout, des recommandations plus précises pour les nourrissons considérés à « haut risque » d’allergie. Ces bébés à « haut risque » sont ceux présentant un antécédent personnel d’atopie (comme l’eczéma) ou dont un membre de sa famille immédiate (père, mère, frère ou sœur) est atteint d’un problème atopique (y compris eczéma, allergie alimentaire, asthme ou rhinite allergique).

La génétique et l’environnement sont les causes principales des allergies alimentaires. Environ 80% des allergies alimentaires survient au sein de familles d’atopiques.

De plus en plus d’évidences cliniques indiquent que l’introduction précoce des allergènes alimentaires – notamment l’arachide et l’œuf – peut contribuer à prévenir le développement d’allergies alimentaires à un âge plus avancé. Pour autant, en pratique, peu de bébés sont exposés à suffisamment d’allergènes durant leur première année de vie.

La « fenêtre de tolérance » pour l’introduction des allergènes

En 2014, les recommandations relatives à la diversification alimentaire chez l’enfant ont évolué pour laisser la place à la notion de « fenêtre de tolérance ». Cette « fenêtre de tolérance » s’étend de l’âge de 4 mois à l’âge de 6 mois révolus et serait la période idéale pour introduire les aliments dans le but d’induire une tolérance chez l’enfant à risque allergique. 

De façon simplifiée, on peut dire qu’il est recommandé, quelle que soit l’existence ou non d’antécédents familiaux d’atopie, de présenter au bébé les aliments allergènes lorsque l’enfant est prêt, pas avant l’âge de 4 mois (début du 5e mois) et  autour de l’âge de 6 mois. Les enfants nourris à l’aide d’une préparation commerciale pour nourrissons (« lait infantile ») pourraient bénéficier d’un début de diversification plus précoce que les nourrissons allaités.

Dans le détail, les études les plus récentes,  indiquent que, pour prévenir les allergies alimentaires, particulièrement aux arachides et aux œufs chez les nourrissons considérés comme à haut risque, il est recommandé d’inclure les allergènes lors de la diversification alimentaire autour de l’âge de 6 mois, dès lors que l’enfant présente des signes d’intérêt pour les aliments solides.

En ce qui concerne les autres allergènes alimentaires, les preuves ne sont à l’heure actuelle pas suffisantes pour tirer des conclusions. Toutefois, des études observationnelles semblent également en faveur d’une introduction précoce du blé et du lait de vache pour prévenir ces allergies., 

En l’absence de risque d’allergie alimentaire, ou chez un nourrisson dont le risque est De façon générale, tous les enfants devraient commencer à consommer des aliments réputés allergisants, incluant des arachides, des œufs cuits, des produits laitiers et des céréales, pendant la première année de vie, y compris les enfants à haut risque d’allergie.

Comment introduire les aliments allergènes ?

Les aliments allergènes doivent être introduits un à la fois afin de surveiller une éventuelle réaction.

Une fois l’aliment potentiellement allergène introduit, il est important de continuer à le présenter à l’enfant quelques fois par semaine afin de maintenir la tolérance.

En cas de doute ou de réaction suspecte, la meilleure approche à adopter reste de consulter le médecin ou l’allergologue de votre enfant.

Sources de l’article :

Sampson H, Mendelson L, Rosen J. Fatal and near fatal anaphylactic reactions to food in children and adolescents. New England Journal of Medicine 1992;327:380-384.

Zarkadas M, Scott F, Salminen J, Ham Pong A. Etiquetage des aliments allergènes courants au Canada – Revue de la littérature. Canadian Journal of allergy and clinical immunology
1999;4(3):118-141.

Hill D, Hosking C, Zhie C, et al. The frequency of food allergy in Australia and Asia.
Environmental Toxicology and Pharmacology 1997;4:101-110.

Nakagomi T, Itaya H, Tominaga T, Yamaki M, Hisamatsu S, Nakagomi O. Is atopy
increasing? Lancet 1994;343:121-122.

Moneret-Vautrin D. Epidémiologie de l’allergie alimentaire et prévalence relative des trophallergènes en France. 41ème Journée annuelle de nutrition et de diététique 2001 (Hotel Dieu – Université Paris VI).

Société canadienne de pédiatrie. (1 février 2016). L’exposition alimentaire et la prévention des allergies chez le nourrisson à haut risque. Repéré à https://www.cps.ca/fr/documents/position/prevention-des-allergies-chez-les-nourrissons-a-haut-risque

https://www.elsevier.com/fr-fr/connect/medecine/regimes-dexclusion

Food Allergy Education & Research. Learning Early About Peanut Allergy (LEAP) (website) Retrieved March 29, 2020.

Groetch, M. E., Nowak-Wegrzyn, A. H., Quann, E., Boccella, J., Czerkies, L., Nutten, S., & Carvalho, R. (2018). Introduction of Allergen-Containing Foods: Feeding Infants and Toddlers Study (FITS) 2016. Journal of Allergy and Clinical Immunology, 141(2), AB401. https://doi.org/10.1016/j.jaci.2017.12.943 

Diversification alimentaire chez l’enfant : quoi de neuf ? A.Jucheta A.ChabbertaR.PontcharraudaD.Sabouraud-LeclercbF.Payotc

Du Toit G, Roberts G, Sayre PH et coll. Randomized trial of peanut consumption in infants at risk for peanut allergy. N Engl J Med 2015;372(9):803-13.

Ierodiakonou D, Garcia-Larsen V, Logan A et coll. Timing of allergenic food introduction to the infant diet and risk of allergic or autoimmune disease: A systematic review and meta-analysis. JAMA 2016;316(11):1181-92.

Katz Y, Rajuan N, Goldberg MR et coll. Early exposure to cow’s milk protein is protective against IgE-mediated cow’s milk protein allergy. J Allergy Clin Immunol 2010;126(1):77-82.

Poole JA, Barriga K, Leung DY et coll. Timing of initial exposure to cereal grains and risk of wheat allergy. Pediatrics 2006;117(6):2175-82.

https://www.lllfrance.org/vous-informer/fonds-documentaire/dossiers-de-l-allaitement/1937-da-117-allergie-a-l-arachide-des-conclusions-erronees

Qui suis-je ?

Stéphanie Foglietta-Dreyfuss, diététicienne & nutritionniste en périnatalité, pédiatrie, allaitement maternel.

Je vous accompagne sur le chemin alimentaire d’une parentalité sereine.

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

error: Content is protected !!
Sélectionner votre devise :
CHF Franc suisse
EUR Euro